Une pédagogie de l’autonomie
L’enfant de 6 à 12 ans ouvre ses perceptions et sa compréhension au-delà du monde concret qui l’entoure et entre peu à peu dans l’abstraction. Le cycle 3-6 ans lui a permis un développement sensoriel important ainsi que l’acquisition d’une certaine autonomie. Le cycle 6-12 ans lui permet de bénéficier de ces acquis.
L’enfant de 6 ans complète et perfectionne son entrée dans le langage écrit. Il affine ses compétences en lecture, approfondit les notions mathématiques abordées dans le cycle précédent. Grâce à son expérience concrète, il s’exerce avec facilité à manier les notions abordées, et les replace dans le contexte de l’application. Il continue d’approfondir sa culture générale et se pose des questions liées au monde et à son fonctionnement. Il s’identifie de plus en plus à la société à laquelle il appartient, par le biais d’une socialisation plus intense et d’un intérêt accru pour le monde qui l’entoure.
La Ferme des Enfants propose le développement en parallèle de la tête, des mains et du cœur. Les travaux intellectuels qui impliquent le raisonnement et la mémoire alternent avec les travaux d’expression de la personnalité et de la créativité. Des ateliers quotidiens permettent l’acquisition de compétences manuelles et artisanales qui sont un complément essentiel à la formation de l’enfant et contribuent efficacement au développement de son cerveau. En outre, un travail relationnel implique l’enfant dans son intelligence émotionnelle et affective, son sens de l’empathie, en étroit contact avec son ressenti intérieur. L’enfant possède en effet un sens inné de la relation (à soi et à autrui) qu’il convient de dévoiler sans interférence. C’est l’un des plus grand enjeu de l’éducation que nous proposons à La Ferme des Enfants : permettre à chacun d’être lui-même parmi les autres.
Le respect des rythmes de chacun
Comme dans la classe 3-6 ans, les enfants du cycle primaire ont la possibilité de se développer à leur rythme propre grâce à un travail individualisé. L’éducatrice prépare néanmoins une feuille de route par niveau qui permet aux enfants de trouver des repères dans les objectifs à atteindre. Sur cette base, chaque enfant peut prendre son chemin personnel pour acquérir de nouvelles compétences ou approfondir ce qu’il connaît déjà. De nombreux matériels didactiques, pour la plupart issus de la pédagogie Montessori, mais aussi Freinet ou d’autres sources, sont disponibles dans la classe. Les enfants apprennent à les utiliser pour y revenir librement et exercer leur sens de l’exploration.
Un espace pour la personnalité
Louise aime prendre des responsabilités : elle devient rédactrice en chef de Planète Verte, le journal trimestriel de l’école. François et Lucas se passionnent pour la pêche : leurs travaux de lecture sont souvent issus des magazines sur cette discipline. Florin est fasciné par les guerres et passe beaucoup de temps a faire des recherches et des exposés très documentés sur le sujet. Philémon adore lire et la plupart de ses travaux tournent autour du livre. Chacun peut exprimer qui il est à travers le travail et les compétences qu’il développe, comme dans la « vraie » vie, celle des adultes, qui se distinguent (entre autre) par leurs vocations. Néanmoins, les objectifs de l’école primaire sont clairs et respectés : à la fin du CM2, l’enfant doit avoir les acquis habituels correspondant au programme de l’Education Nationale, un objectif toujours atteint, tôt ou tard (l’expérience nous apprend que la plupart des enfants sont prêts pour un passage en sixième entre 10 ans et 12 ans).
Entre liberté et contrainte naturelle
La Ferme des Enfants, bien que profondément inspirée par de telles pédagogies, ne se situe pas parmi les écoles qui font la promotion de la liberté totale de l’enfant (telles que Summerhill, le mouvement des écoles démocratiques, les écoles Sudbury, etc). La liberté favorisée à La Ferme des Enfants s’appuie sur des fondements structurés à partir de laquelle elle peut s’incarner. Par exemple, la liberté dans l’espace n’est pas donnée « à priori ». Il faut que les enfants démontrent qu’ils sont en mesure de gérer cette liberté sans la surveillance constante d’un adulte. C’est à dire qu’il faut qu’ils aient acquis un sens suffisant de la responsabilité et qu’ils aient conscience des enjeux pour devenir libre dans un espace vaste et non-enclos. Nous ne confions pas aux enfants une liberté que leur jeune âge ne leur permet pas d’assumer. La liberté dont bénéficient les enfants est mise à l’épreuve des faits : sont-ils capables d’aider les plus jeunes à l’heure des repas ? Sont-ils capables d’animer un atelier ? Peuvent-ils résoudre, seuls, un conflit ? Arriveront-ils à acquérir suffisamment de compétences par eux-mêmes ? Les enfants peuvent-ils pique-niquer à l’heure du repas sans que nous retrouvions disséminées dans la cour verres et fourchettes ? Chaque question est soumise à l’expérience. Ainsi, La Ferme des Enfants est un immense champ d’expérimentations étudiées et remises en question d’une manière collective au cours du Conseil d’Enfants. De ces constats émergent les règles et les principes de l’école qui donnent ses contours à la liberté.
L’ouverture sur le monde
L’école sollicite une coopération avec de nombreux adultes et des personnes retraitées résidantes du Hameau des Buis : Françoise fabrique avec les enfants des savons bio, Nadia les initie au monde minéral et aux plantes sauvages, … Plusieurs fois dans l’année, ce sont les enfants qui vont vers le monde : un spectacle dans un théâtre local, le salon du livre, une visite aux sources de la rivière, une nuit dans un gîte de montagne, une journée au ski.. Autant d’expériences qui alimentent la vie scolaire d’une manière incomparablement riche. A La Ferme des Enfants, nous partons du principe que le meilleur enseignant qui soit est celui qui vit la discipline qu’il transmet, en professionnel ou en dilettante. Et le meilleur enseignement est celui qui s’expérimente « pour de vrai » dans des situations vécues.