La vie démocratique
Les engagements de base
Les familles signent un règlement intérieur permettant de réguler la relation famille / structure, à la fois sur le plan matériel et sur le plan philosophique.
Les parents et la plupart des habitants de l’écovillage ne sont pas citoyens, ils sont membres actifs de l’association La Ferme des Enfants. Sont citoyens les participants à la vie scolaire quotidienne, quel que soit leur rôle et leurs responsabilités : enfants, adolescents, membres de l’équipe pédagogique et technique, et GAJA (Grands Ados Jeunes Adultes).
Etre citoyen de la Ferme des Enfants signifie, dès le début de l’année, prendre 5 engagements :
- informer de sa présence sur les lieux
- venir en médiation si on y est appelé
- ne pas jouer aux jeux vidéos à l’école
- apprendre la culture commune des lieux (gestes écologiques, communication non violente, instances de gouvernance partagée, bon usage des espaces)
- participer aux tâches ménagères
Les parrains et marraines
Chaque citoyen choisit en début de l’année scolaire un membre de l’équipe pédagogique pour l’accompagner et veiller sur ses besoins. Cet adulte devient alors son parrain ou sa marraine. Il est interlocuteur privilégié du citoyen, et reste à l’écoute des nécessités. Le parrain accompagne le citoyen dans l’acquisition de la culture commune de l’école, et note les activités menées sur le logiciel Athéna. C’est le parrain ou la marraine qui organise les entretiens avec les parents du citoyen ou répond à leurs sollicitations.
Le Conseil d’École
Au fil des jours et des semaines, de nouvelles règles sont élaborées pour répondre aux besoins de la communauté. Tout citoyen dispose du droit de demander une règle au Conseil d’Ecole, et d’un pouvoir d’objection. Il peut également initier un club, faire partie d’une commission, énergétiser un rôle au service du collectif ou poser une demande d’achat. C’est le Conseil d’Ecole qui statue et prend les décisions au consentement des présents. Le Conseil d’Ecole est l’organe décisionnel de toute l’organisation.
Rôles, clubs, commissions
Les citoyens sont invités à s’inscrire dans une équipe de tâches, pour prendre soin d’un lieu donné, et aussi, selon leurs aspirations, à prendre des rôles et responsabilités au sein de l’école. Certains sont responsables des poneys ou des poules, d’autres assurent la vente des tickets pour la cantine, d’autres encore s’occupent de la maintenance informatique ou font passer les « permis de couteau »… Une carte des rôles est exposée dans la salle à manger permettant ainsi à chacun de savoir « qui fait quoi ? » ou vers quelle personne se tourner pour répondre à une question donnée.
Les clubs sont créés par le Conseil d’Ecole sur initiative d’un ou plusieurs citoyens : club chorale, club journal, club vélo, club théâtre… Il n’y a pas de limites en nombre et en thématiques. Les clubs doivent répondre à des besoins de rencontre et d’organisation pour une pratique ou une passion.
Les commissions sont des organes de gouvernance qui assurent un rôle de régulation ou d’investigation pour un thème donné, ou arbitrent des pratiques : que peut-on vendre au petit marché et à quel prix ? Que peut-on faire ou ne pas faire sur un ordinateur ? Tel film est-il tout public ? Comment, quand et avec qui organiser le voyage de fin d’année ? Chaque commission est responsable d’un secteur d’activité et porte des redevabilités au service de la communauté. Ses conclusions doivent remonter au Conseil d’Ecole pour validation.
Le Conseil de médiation
Tout citoyen peut également, à tout moment, demander une médiation pour résoudre une problématique, un conflit, une mésentente ou faire valoir un préjudice. Une boite à mots dans laquelle il glisse un formulaire de demande est à sa disposition et précise qui est appelé en médiation et pour quel motif. On estime entre 400 et 600 le nombre de médiations demandées par année scolaire pour un collectif d’une centaine de citoyens.
Le Processus d’Accompagnement
Lorsque le Conseil de Médiation est insuffisant, et qu’un citoyen continue de transgresser une règle, il a l’obligation de suivre un Processus d’Accompagnement. Ce processus est organisé avec le parrain ou la marraine du citoyen, éventuellement ses parents, et 2 médiateurs. Le Processus d’Accompagnement a pour but d’aider le citoyen à mieux comprendre ses comportements et à les transformer. L’objectif principal est la réintégration du citoyen dans la vie ordinaire de l’école, mais il peut aussi arriver que les conclusions du Processus (qui dure 3 semaines) soit le constat d’une incompatibilité entre les comportements du citoyen et les besoins de l’école.
Une approche non punitive
L’approche de la Ferme des Enfants est définitivement non punitive. Aucune sanction n’est appliquée, contrairement à la plupart des écoles démocratiques (modèle Sudbury notamment). Cependant, les Conseils de Médiation ou les Processus d’Accompagnement peuvent conclure à la nécessité d’appliquer des conséquences aux comportements délictueux : restriction d’espace, réparation de matériel, rachat de matériel, interdiction d’utiliser tel ou tel objet, etc.
Les médiateurs s’attachent à rechercher les besoins qui se dissimulent derrière les transgressions, et à les nourrir en priorité. Il est observé que les transgresseurs ont grand besoin d’être reconnus dans leur vécu et leurs ressentis. Derrière les actes se cachent des problématiques et des souffrances qui doivent être mises en lumière. Dans tous les cas, ce sont les actes qui sont condamnables, pas les personnes.
Une approche non punitive ne signifie pas pour autant qu’il y ait laxisme ou accueil inconditionnel des actes. Les règles sont claires, les autres ont des droits et des sentiments, et il ne s’agit pas de passer outre. Un citoyen qui transgresse devra faire face à ses responsabilités, et en premier lieu à celle de se percevoir lui-même avec authenticité dans son dysfonctionnement. Il sera invité à prendre en main sa propre transformation, avec toute la bienveillance et la patience qu’il mérite.