LES INSCRIPTIONS SONT OUVERTES POUR LA FERME DES ENFANTS 2.0 !
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PROJET PÉDAGOGIQUE 2025
La raison d’être de la Ferme des Enfants est de proposer un support efficace aux acquisitions du Socle Commun de Connaissances, de Compétences et de Culture, soutenu par les pédagogies actives et les neurosciences, dans un cadre épanouissant favorable à une citoyenneté écoresponsable.
Introduction
- Contexte biographique
La Ferme des enfants a été fondée en 1999, dans une ferme bio en polyculture et élevage en sud Ardèche, un espace d’aventure familiale tel que relaté dans l’ouvrage de l’agroécologiste Pierre Rabhi « Du Sahara aux Cévennes ou la Reconquête du Songe » (Albin Michel, 2002), puis dans celui de sa fille Sophie Rabhi-Bouquet « La Ferme des Enfants, une pédagogie de la bienveillance » (Actes Sud, 2011) suivi de « Et si nous (re)devenions humains ? Comment notre véritable nature peut résoudre les crises » (Actes Sud, 2023).
L’école pionnière a fermé en 2021 en sud Ardèche pour venir s’ouvrir à Rieumes, en Haute-Garonne.
Sophie Rabhi-Bouquet est fondatrice-directrice de cette école de 1999 à 2021.
Plus de 400 élèves sont passés par la Ferme des Enfants, pour des durées variées, parfois pour toute leur scolarité. Leurs parcours sont, dans une grande majorité, fortement satisfaisants. La Ferme des Enfants laisse des traces dans un parcours scolaire, y compris lorsque l’on y passe seulement un an ou deux. Elle a été épanouissante pour des dizaines d’enfants dits « ordinaires », et déterminante pour nombre d’enfants ou adolescents décrocheurs, phobiques ou diagnostiqués (neuroatypiques) avec des troubles du comportement ou de l’apprentissage. Les anciens élèves de la Ferme des Enfants empruntent des voies professionnelles variées, qui couvrent tous les secteurs d’activité, du primaire au tertiaire. Une grande majorité d’entre eux se distinguent par leurs compétences sociales, leur créativité, leur engagement citoyen et écologique, leur capacité entrepreneuriale.
Les questions relationnelles et comportementales sont considérées comme un pilier de la vie démocratique et accompagnées quotidiennement (médiation, communication non violente, conseils d’école, écoute active). Ainsi, les violences, harcèlement ou problème de discipline laissent place à des relations humaines authentiques, fiables et qualitatives.
- Fondements pédagogiques
La pédagogie de la Ferme des Enfants constitue une convergence entre :
- une préoccupation écologique : quelle planète allons-nous laisser à nos enfants ? Quels enfants allons-nous laisser à la planète ? Quelles compétences sont nécessaires aujourd’hui pour assumer la réalité de demain ?
- une vision sociologique : comment valoriser le patrimoine collectif des pédagogies actives dans le paysage éducatif actuel ? Au service de quels besoins et de quel modèle de société ?
- une démarche citoyenne : comment faire démocratie autour d’une pluralité d’offres pédagogiques ? Comment la créativité citoyenne peut-elle enrichir la vie républicaine en ouvrant de nouveaux horizons institutionnels ? Comment les élèves peuvent ils vivre, dès leur scolarité, une démocratie participative et construire une citoyenneté responsable ?
- une recherche-action menée pendant 25 ans au service des enfants et des adolescents en sud Ardèche, elle continuera dans cette nouvelle école
- une éducation à la paix, grâce à la communication non-violente et au développement d’un modèle relationnel basé sur l’empathie, la médiation et le respect
- des modes d’instruction au service du développement optimal des apprentissages basé sur les dernières recherches en éthologie, psycho-pédagogie et neurosciences
Répondre aux besoins naturels des enfants et des adolescents pour qu’ils deviennent des citoyens compétents, cultivés, autonomes, créatifs, heureux, responsables et adaptés à la vie dans toutes ses dimensions reste l’objectif premier de cette pédagogie.
Pédagogie de la bienveillance
Les pédagogies actives, la psycho-pédagogie de Maria Montessori, les recherches d’Alice Miller, l’éthologie humaine (Théorie de l’Attachement), les neurosciences et la communication non violente constituent les fondations sur lesquelles se déploie la pédagogie de la bienveillance. Celle-ci est particulièrement adaptée à un contexte mondial en forte mutation.
- La Ferme des Enfants dans le contexte du XXIème siècle
Depuis plus d’un siècle, l’identité de l’école telle que nous la connaissons n’a guère changé, tandis que le monde, lui, a radicalement changé. Les préoccupations des trente glorieuses ne sont pas celles du XXIème siècle. Former les citoyens à devenir performants pour un système productiviste d’un haut niveau de développement techno-industriel ne fait plus l’actualité de tout citoyen soucieux d’un avenir réaliste.
L’enjeu, pour les générations actuelles, est d’accomplir un virage suffisamment radical pour solutionner des problématiques de survie. Elles devront faire face au réchauffement climatique, à la perte de la biodiversité, à l’épuisement des ressources, à la pollution, aux conditions pathogènes de l’environnement, aux conflits systémiques qui enflamment certaines parties du monde… Et surtout, elles devront changer de modèle : quitter un modèle consumériste et pollutionniste pour trouver une autre façon d’exister, individuellement et collectivement, en régénérant les écosystèmes plutôt qu’en les détruisant. Cette situation est inédite dans l’histoire de l’humanité. Il est évident que ce changement s’amorce dès l’école, par un changement de posture face à la vie, un changement des programmes d’apprentissages, une évolution adaptée des compétences de base.
Le Socle Commun de Compétences, tel qu’il est définit par l’Education Nationale, permet d’intégrer ces nouvelles données et d’orienter les apprentissages en faveur de cette indispensable mise à jour. Ce sont les moyens pédagogiques ainsi que le contexte dans lequel les enfants apprennent qui changent la donne.
- Le contexte pédagogique
La Ferme des Enfants prend place au cœur d’un écolieu, en bordure de forêt.
La pédagogie par la nature (PPN) fait donc partie intégrante du projet. L’éveil de l’intelligence et des compétences au contact de la nature n’est plus à démontrer. La nature constitue un agent de transmission des savoirs incomparable lorsqu’il s’agit notamment de l’intégrer à de nouveaux modes de vie et de pensée, plus respectueux, protecteurs, réparateurs pour l’environnement.
Nous savons que l’enfant qui grandit dans la nature intègre dans sa conscience et ses comportements citoyens une évidence écologique qu’il est beaucoup plus difficile d’obtenir de la part de générations « hors-sol » dont le mode de vie est totalement artificialisé.
La nature est de facto pourvoyeuse de bien-être et d’équilibre neuro-émotionnel. Elle constitue un vivier infini d’apprentissages et de stimulations pédagogiques en suscitant chez l’enfant la curiosité, le mouvement, l’enthousiasme, la découverte renouvelée, la connexion au vivant sous toutes ses formes, un savoir intrinsèque par immersion. Elle sollicite notamment son intelligence sensorielle, ainsi qu’un fort sentiment d’appartenance qui le relie profondément au sens de son existence.
La présence de l’écolieu enrichit le parcours de l’enfant en savoirs, savoir-faire et savoir-être adaptés à la transition écologique. C’est un nouveau modèle de vivre ensemble qui lui est proposé. La scolarité à la Ferme des Enfants est une immersion dans une transition vécue quotidiennement par ses premiers acteurs : permaculteurs, éleveurs, boulangers, cuisiniers-transformateurs, arboriculteurs, artistes, artisans, pratiquent sous les yeux émerveillés des enfants, et leur font une place active à leurs côtés au cours d’ateliers ponctuels. Ainsi, l’école dans l’écolieu permet de découvrir ces compétences qui mènent à l’autonomie aussi bien qu’à la préservation des écosystèmes par des pratiques respectueuses du vivant, régénératrices pour certaines d’entre elles.
Par une organisation en ateliers, les élèves de la Ferme des Enfants peuvent s’inscrire selon leurs choix et affinités, de manière à pratiquer des disciplines qui les enrichissent, élèvent leurs compétences et stimulent l’envie d’apprendre toujours plus. C’est en effet lorsque l’environnement est vivant et porteur de sens que les élèves deviennent acteurs de leur propre construction.
En lien avec cette réalité, les recherches les plus récentes nous permettent de mieux comprendre le fonctionnement humain pour mieux répondre à ses besoins. Nous pensons que plus les besoins humains seront satisfaits, plus nous serons individuellement et collectivement respectueux de la vie, en nous et à l’extérieur de nous, et heureux de la préserver.
- Être citoyen du XXIème siècle : faire face au défi de la durabilité de l’espèce
Force est de constater que le risque écologique est entièrement subordonné aux comportements des individus et des sociétés tel qu’elles s’organisent sur le territoire planétaire. Comment infléchir ces comportements ? Comment repenser nos modes de vies ? Comment adapter l’école à cette réalité ?
De toute évidence, la question de l’instruction nécessite une réflexion de fond : l’école peut-elle contribuer à éveiller le potentiel d’adaptabilité humain pour lui donner les meilleures chances de surmonter les difficultés qui sont déjà là ? Est-elle vraiment cet espace de développement, d’épanouissement, de recherche et de créativité qu’elle prétend être ? La nouvelle compréhension que permettent les recherches les plus récentes, notamment en neurosciences, est-elle optimisée et mise en application ? Et surtout, de quoi auront besoin les adultes de demain ?
Depuis ses origines, la Ferme des Enfants tente de répondre à ces questions en s’intéressant aux sciences humaines et aux neurosciences, pour mieux comprendre les besoins des enfants et le fonctionnement de l’humanité. Constatant que les aptitudes intellectuelles et technologiques ne suffisent pas à appréhender l’avenir, elle propose également des modes d’être et de faire plus conscients des enjeux, plus respectueux du vivant. Cette pédagogie, qui s’adapte aux défis actuels, permet à nos enfants de rester enthousiastes et d’épanouir leur potentiel, leur force, leur intégrité, leur singularité, leur créativité, leur affectivité… Sans négliger les apprentissages plus ordinaires, ces qualités sont à reconnaître et à nourrir comme de nouveaux facteurs de réussite pour participer à une civilisation profondément ébranlée, qui le sera de plus en plus au fil des années à venir. Car ce sont des citoyens entiers, conscients et relationnellement compétents qui pourront contribuer utilement et efficacement à bâtir ce nouveau monde qui nous attend.
- Se reconnecter au vivant
L’école telle que nous la connaissons se déroule la plupart du temps dans des milieux clos et fonctionnels, des institutions dédiées aux apprentissages théoriques, composées de salles de classes, de couloirs, de bureaux, de laboratoires de travaux pratiques… Certaines écoles ont la chance d’avoir un espace extérieur arboré, d’autres non.
Notre première préoccupation a été de proposer un espace scolaire vivant, immergé au cœur d’une ferme en activité, dans la nature. En effet, les enfants comme les adolescents sont sensibles et perméables à la richesse de la biodiversité et s’enrichissent considérablement de la présence continue de la nature dans leur cadre de vie et d’apprentissage.
Ainsi, le contexte vivant est au centre de notre pédagogie et permet des explorations fondées sur l’expérience directe plutôt que sur une approche théorique explorée au travers de manuels, de cours ou de média.
La connexion des enfants avec le vivant est aujourd’hui un enjeu de société dont dépend l’intensité avec laquelle ils se mobiliseront pour préserver ce bien commun.
En outre, la nature stimule l’enthousiasme et une inextinguible soif d’apprendre sans cesse renouvelée par les expressions incessantes du vivant dans le quotidien de l’enfant. En lien avec son environnement, il apprend de lui comme dans un livre ouvert, il y puise la joie et le bien-être nécessaires à son épanouissement et son développement.
La liberté de bouger, marcher, courir, grimper ou simplement se déplacer d’une activité à une autre sont au cœur de notre pédagogie. L’école est un lieu de vie et d’action. On y trouve des espaces variés offrant des potentiels variés : des pièces à vivre, des espaces didactiques, une médiathèque, des ateliers artistiques et manuels, des aires de jeux, mais aussi des jardins, de la forêt, des prés, la présence des animaux…
- La vie sociale
Nous le savons plus que jamais lorsque de multiples problématiques sociales secouent l’actualité, la vie relationnelle est centrale pour notre épanouissement et notre développement humain. Vivre avec les autres est tout simplement constitutif de notre nature.
Le système ordinaire est le plus souvent fondé sur la compétition plutôt que sur la coopération, nous opposant les uns aux autres dans une course aux avantages ou aux profits, générant des conflits sans fin à toutes les échelles de la société, et même de l’humanité.
Pourtant, nous sommes heureux lorsque nous sommes entourés, aimés, appréciés, respectueux, utiles, considérés, reconnus, généreux, en interaction avec les autres.
La Ferme des Enfants promeut une vie sociale riche et diversifiée, qui s’appuie sur une organisation décloisonnée où grands et petits peuvent fonctionner ensemble une grande partie du temps. L’apprentissage par les pairs est d’autant plus actif que les plus âgés ont accès au milieu des plus petits et vice-versa. Les espaces informels sont nombreux, et même cultivés volontairement par les modes d’aménagement de l’espace, pour stimuler les rencontres informelles.
L’école s’ouvre également sur le monde ordinaire et ses acteurs, grâce au principe même qui fonde son existence sur un lieu en activité professionnelle où exercent des artisans, des agriculteurs, des artistes, des professionnels de l’accueil, etc… Grâce à sa qualité de « lieu de vie », l’école étant, autant que possible, située au cœur d’un écolieu, les rencontres entre la société civile et les enfants qui apprennent est possible et même soigneusement entretenue, dans les conditions de sécurité requises.
L’école s’inscrit dans un territoire social avec lequel elle interagit, permettant à des liens variés de se tisser et de s’enrichir mutuellement : personnes âgées ou porteuses de handicap, volontaires européens, services civiques, étudiants, artistes, intervenants… Les portes de l’école sont ouvertes sur le monde, tout en maintenant le cadre sécurisant et les protocoles indispensables à la sécurité des enfants et des adolescents sur leur espace scolaire.
L’économie de la connaissance, qui consiste à soutenir les échanges de savoirs entre humains détenteurs de compétences ou d’expériences, est particulièrement active à la Ferme des Enfants. Elle fait partie de son objet social.
Nous savons aujourd’hui que les apprentissages s’ancrent dans des relations de qualité, riches de sens, où l’apprenant se sent en sécurité affective. La plupart d’entre nous avons le souvenir de ce merveilleux professeur qui a marqué notre parcours scolaire par sa présence, son enthousiasme, son charisme et/ou l’intérêt qu’il nous portait. Ou bien encore, nous nous souvenons de cette tante, cette voisine ou ce grand’père avec qui nous passions des heures entières à apprendre ses savoir-faire en lui posant mille et une questions, au sein du giron affectif que nous avions ritualisé ensemble. Les apprentissages issus de ces relations qualitatives sont intenses, parfois déterminants pour révéler un talent ou susciter une vocation.
Replacer la relation au cœur de l’apprentissage fait partie de nos priorités.
- Ecologie intérieure
Les siècles précédents ont vu fonctionner un humain conditionné à des projets idéologiques portés tour à tour par différentes politiques de domination de l’individu au profit de systèmes auxquels il devait se subordonner pour préserver et enrichir un ordre voulu.
Ainsi, il a été demandé à l’enfant de s’adapter, d’obéir, de se conformer au projet que nous avions pour lui, « pour son bien » et celui de la société dans laquelle il naissait. Pour obtenir ce résultat, nous avons usé de manière séculaire de la « violence éducative ordinaire » qui permet de contraindre l’enfant, dès son plus jeune âge, par la force et la coercition si besoin, à répondre aux exigences de son milieu.
Ce phénomène social a eu des répercussions importantes sur la destinée humaine, tel qu’expliqué par divers chercheurs, dont Alice Miller et Olivier Maurel, consacrés à comprendre comment de braves citoyens pouvaient s’adonner collectivement, par exemple, à des catastrophes aussi dramatiques que les deux guerres mondiales qui ont mutilé le XXème siècle, en dépit d’un meilleur niveau d’instruction des populations.
Ainsi, il n’y a pas de corrélation directe entre le niveau d’instruction des sociétés et leur capacité à sortir de la barbarie. Les études tendent même à démontrer l’inverse : plus un individu est contraint à l’obéissance, par une logique dominant-dominé subie depuis sa naissance, plus il est susceptible de s’adonner à des actes cruels, d’obéir à des motivations extrinsèques et de rester aveugle aux besoins des êtres vivants qui l’entourent.
Les neurosciences affectives et sociales démontrent avec précision que nos compétences relationnelles (dont l’empathie, l’altruisme, le pacifisme) se développent lorsque le contexte éducatif est empathique, affectueux et inconditionnellement soutenant pour la personne qui grandit, tel que défini par l’éthologie humaine et la théorie de l’attachement.
La violence éducative ordinaire a été en partie réformée, notamment avec la loi contre les châtiments corporels, adoptée en France en juillet 2019, mais la relation de domination qui préside à l’ensemble de nos relations ordinaires, comme un modèle quasi inaliénable, continue d’être largement pratiquée, infligeant à l’enfant un devoir catégorique d’obéissance, des punitions, des humiliations, des jugements, des sanctions, des obligations, où sa voix et son individualité sont ignorées.
A la Ferme des Enfants, nous développons une pédagogie qui tend à abolir la violence éducative au profit d’un accompagnement bienveillant, empathique, à l’écoute des dimensions intérieures et sensibles propres à chaque individu. Notre pédagogie permet à l’enfant de se connecter à ses besoins et d’apprendre à y répondre par lui-même, d’être accueilli dans ses émotions, de prendre la responsabilité de son développement, à l’écoute des mobiles intérieurs naturellement à l’œuvre lui permettant de s’épanouir de manière optimale.
Nombre de personnes ont la crainte de lâcher la relation de domination et de devoir faire face à des « enfants-rois », sans limites ni respect. L’actualité relaye régulièrement une préoccupation des autorités et institutions face aux incivilités croissantes de jeunes générations, se demandant comment redévelopper une coercition susceptible de rétablir une ordre sécurisant. Ce malentendu fait malheureusement du tort à notre démarche, encore trop méconnue, qui est, quant à elle, objectivement efficace pour rétablir des relations de grande qualité entre adultes et enfants, entre enfants, entre adultes. Un enfant profondément respecté par des adultes investis dans une démarche authentique de renoncement à la relation de pouvoir ne devient pas un « enfant-roi » ni un tyran. Bien au contraire, notre expérience nous confirme année après année que les jeunes que nous accompagnons deviennent des citoyens et des partenaires agréables, altruistes, relationnellement compétents, qui n’ont plus besoin d’agresser ou de dominer pour exister parmi les autres, ou pour exprimer leur individualité.
Source : Sophie Rabhi-Bouquet (2016)
L’ACQUISITION DU SOCLE COMMUN DE CONNAISSANCES ET DE COMPÉTENCES
- La place des neurosciences dans notre développement pédagogique
La Ferme des Enfants a mené des recherches continues sur la manière de développer les meilleures conditions pour apprendre, en mobilisant et soutenant nos prédispositions naturelles à l’apprentissage. Sans nier les vertus de la transmission formelle, les apprentissages auto-déterminés sont plus que jamais sur le devant de la scène pédagogique, soutenus par les neurosciences, et par de nombreuses expériences relayées au niveau mondial.
En effet, les neurosciences de l’éducation les plus basiques nous apprennent que l’apprentissage est optimal lorsqu’il sollicite l’engagement actif de l’élève, lorsqu’il mobilise son attention, lorsqu’on lui permet de consolider ses acquis par la répétition, le droit à l’essai-erreur et le retour d’information immédiat, autant de caractéristiques vivantes que le cadre fonctionnel de l’école classique ne permet pas toujours de promouvoir.
C’est dans la liberté, la confiance, l’enthousiasme, le jeu et par l’expérimentation que l’enfant apprend le plus efficacement, avec profit pour son développement et celui des sociétés auxquelles il apportera sa contribution.
À ces constats s’ajoutent ceux des neurosciences affectives et sociales, qui nous rappellent l’importance fondatrice de la relation à soi et à l’autre pour le développement de l’intelligence affective et de l’empathie, avec un impact direct sur les fonctions cognitives : c’est dans le soutien, le lien de qualité et la sécurité psychique que l’enfant apprend et se réalise le mieux.
Le seul moyen de développer le potentiel humain, comme l’écrivait Maria Montessori, est de reconsidérer chaque élève non comme une jarre à remplir mais comme une source de vie à laisser jaillir : « Libérez le potentiel des enfants, et vous transformerez le monde avec lui’, écrivait-elle.
C’est dans la liberté de vivre, d’être et de s’enthousiasmer, et non dans la contrainte des corps et des volontés individuelles, que l’apprentissage véritable se réalise. L’engagement actif et la pleine attention d’un enfant pour ce qu’il accomplit ne se décrètent ni ne s’imposent par la volonté d’un tiers. C’est pourquoi, contraindre un enfant à apprendre un programme pré-établi plutôt que l’inviter au festin de la connaissance est, selon nous, un parti-pris contre-productif. Seul l’enthousiasme d’apprendre, de découvrir, d’expérimenter, de vivre, dans un contexte stimulant, peut offrir les meilleures conditions par lesquelles l’être humain développe efficacement et durablement ses savoirs, savoir-être et compétences.
Dans ce cadre, les interventions de l’adulte auprès de l’enfant sont principalement affectives et relationnelles, didactiques (préparation et enrichissement d’un contexte préparé) et renseignantes (montrer, donner l’exemple, expliquer, soutenir). La qualité relationnelle est au centre de la situation d’apprentissage.
Comme Maria Montessori l’a fait en son temps, nous constatons que les enfants aspirent spontanément et avec enthousiasme à apprendre à lire, à écrire, à compter, pour autant que la communauté qui les entoure pratique elle aussi ces compétences et soutienne avec joie et intérêt les explorations des jeunes apprenants. Ainsi, les compétences académiques ne devraient être ni un problème, ni un devoir austère, ni un casse-tête pour les pédagogues, mais un art de vivre dans la recherche, l’exploration et le questionnement permanents qui sont des caractéristiques propres à l’enfance en particulier, à l’humain en général lorsque l’intégrité de celui-ci a été préservée.
Un mode de vie et un environnement riches, outillés, actifs, documentés, foisonnants de rencontres, d’ateliers, de cours, de projets et de conversations permettent de répondre à l’ensemble des besoins du socle commun.
Notons ici que, pour autant, notre école se dissocie du mouvement des écoles démocratiques qui répondent à la définition « l’enfant fait ce qu’il veut ». Dans notre pédagogie, « L’enfant veut ce qu’il fait », dans un parcours enrichi à la fois par les apprentissages informels et les apprentissages formels.
- La communication non violente au cœur de notre pratique
L’équipe pédagogique est formée à la Communication Non Violente (CNV), selon Thomas Gordon et Marshall Rosenberg. Une relation de qualité, à soi et aux autres, est indispensable pour abolir les relations de domination et ajuster sa manière de communiquer à ces nouvelles intentions. La CNV permet de s’exprimer de manière libre et authentique, en parlant de soi. C’est ce que l’on appelle la langue-girafe. La Girafe a été choisie par M. Rosenberg comme animal symbole de cette pratique en raison de son grand cœur, énorme par rapport à sa masse corporelle pour un mammifère terrestre. Elle prend également de la hauteur, a de grandes oreilles pour écouter et reste frugale en paroles car elle n’a pas de cri spécifique.
Un bon usage de la CNV participe à un environnement psychiquement sécurisant pour les enfants et les adolescents, qui se sentent alors écoutés et respectés et apprennent petit à petit à faire de même. Nous savons, grâce à l’éthologie humaine et la théorie de l’attachement, qu’une relation de sécurité affective et émotionnelle permet à l’enfant de s’ouvrir davantage à ses explorations et apprentissages. C’est en effet lorsqu’il se sent respecté, soutenu, accueilli sans jugement, que l’enfant peut pleinement libérer ses fonctions cognitives et apprendre en toute sécurité, sans peur des conséquences négatives qui pourraient interférer avec ses élans spontanés de découverte.
Pour être efficiente, la CNV repose sur un véritable travail intérieur de la part de ceux qui la pratiquent. Il ne s’agit pas seulement de donner une forme à nos paroles, mais bien de refléter authentiquement ce qui se passe en nous.
Se libérer au maximum de la violence de nos conditionnements et réactions est indispensable pour atteindre une expression plus adaptée à l’accompagnement de l’enfant. Celui-ci n’a pas vocation à recevoir tous nos états ou projections, fussent-ils exprimés de manière non-violente ! Faire la formation CNV ne suffit pas, la plupart du temps, il convient également de faire un travail de connaissance de soi et de guérison de nos souffrances et traumas pour être un caregiver compétent face à l’enfant.
Un enseignant compétent est affectueux, calme, empathique, disponible. Il protège, soutient sans condition et aide l’enfant à trouver des solutions pour nourrir ses besoins.
- Quel dispositif pour stimuler l’apprentissage ?
Depuis l’ouverture de l’école en 1999, notre pédagogie s’inspire de Maria Montessori. Elle exige d’organiser autour de l’enfant un environnement préparé qui réponde à ses besoins et qu’il sera libre d’explorer à son rythme.
La pédagogie Montessori est constituée d’innombrables expériences à vivre, à partir de deux ans et demi et jusqu’à l’adolescence. Elle privilégie une approche concrète avant tout passage à l’abstraction, considérant que c’est par les voies sensorielles et expérientielles que l’enfant apprend de prime abord, et non pas par la seule voie intellectuelle qui, elle, se développera plus tardivement.
Encore une fois, les neurosciences viennent soutenir cette démarche pédagogique par la confirmation que le néocortex, siège de l’intelligence élaborée, se développe à un rythme lent et continu jusqu’à l’âge d’environ 25 ans. Le jeune enfant est davantage soumis à la logique de ses cerveaux reptiliens et limbiques, siège des instincts et de l’émotionnel. Il absorbe ainsi son environnement par l’intermédiaire de son corps physique dans son entier, et a besoin de l’y engager totalement dans un apprentissage où le corps est respecté dans ses besoins de mouvement, d’expérience, de ressenti, de sensations, de rythme…
Le matériel sensoriel de Maria Montessori constitue la base des apprentissages en ce qu’il permet à l’enfant de s’imprégner de la réalité offerte par le matériel par une utilisation individualisée, sous la forme d’une expérience personnelle vécue. Les notions à explorer s’intègrent alors naturellement et finissent par constituer un socle solide de savoirs et de compétences sur lequel l’élève va construire un développement plus théorique dans un deuxième temps. À titre de comparaison, c’est ce qui arrive à chacun de nous lorsque nous apprenons une langue maternelle naturellement et de manière inconsciente, par le simple fait d’exister au sein de notre famille. Puis nous conscientisons des années après qu’il existe une syntaxe grammaticale et une logique orthographique que l’on peut observer, analyser et nommer, comme un savoir théorique, tandis que nous les pratiquions déjà naturellement sans le savoir.
Le génie de Maria Montessori a été de comprendre ce cheminement et de le traduire en un système didactique d’une incroyable richesse.
Les ambiances Montessori occupent une large partie des aménagements de l’école, qui distinguent l’espace 3-6 ans de l’espace 6-12 ans. Le recours au matériel Montessori est plus rare pour les collégiens et lycéens, bien que certains matériels soient encore adaptés aux explorations de ces âges. Cependant la philosophie reste la même pour les plus grands : il s’agit toujours d’offrir au jeune apprenant l’environnement adapté à ses besoins d’exploration. Dans l’espace des Colyviens (12-18 ans), les outils numériques sont davantage présents, ainsi que les outils d’information et de documentation. Une large part de l’organisation quotidienne est dédiée aux échanges, à la rencontre et à la pédagogie de projet.
Notre école s’inspire d’autres pédagogues, tels que Freinet ou Decroly. Nous utilisons l’ensemble des outils, fichiers, jeux, matériels, installations qui stimulent l’intérêt des enfants et des adolescents et n’hésitons jamais à introduire de nouveaux moyens pour enrichir le panel des propositions.
- Organisation des apprentissages formels
Les matinées
Elles sont consacrées aux apprentissages formels, notamment les mathématiques et le français pour les plus jeunes, l’ensemble des matières académiques pour les plus âgés (collège et plus).
- 3-6 ans : l’ambiance Montessori
Les enfants peuvent explorer les apprentissages de leur choix tout au long de la journée, avec l’accompagnement d’un·e éducatrice·eur formé·e à la pédagogie Montesori. L’espace intérieur ou ambiance Montessori, permet aux enfants un libre choix d’activités mais aussi de se voir offrir des propositions de la part de l’éducatrice·eur qui suit avec précision et méthode la progressivité des apprentissages de chacun.
L’ambiance Montessori se décline en 4 aires :
- La vie pratique : un ensemble de propositions permettant l’accès à la concentration et le développement de la motricité fine grâce à des activités liées au quotidien (laver du linge, faire des noeuds, coudre, nettoyer un miroir, éplucher une carotte, presser une éponge, verser, etc).
- La vie sensorielle : série d’activités qui permettent d’ordonner le domaine des sensations et d’explorer des notions graduées telles que petit-grand, chaud-froid, lourd-léger, doux-rugueux, la base 10, etc.
- Les mathématiques : accès à la numération et aux quatre opérations de manière concrète et vécue, le matériel de mathématiques est une aire étendue qui offre une grande variété de propositions pour explorer nombre de notions mathématiques avec simplicité et compréhension directe. Elle comprend dès la maternelle l’apprentissage du système décimal, des quatre opérations, de la géométrie des formes, etc
- Le langage : grâce à des propositions pour l’oral, la lecture et l’écrit, l’enfant explore ce langage qu’il connaît déjà par son milieu de naissance, ou qu’il intègre peu à peu pour les primo-arrivants. Le matériel donne accès à l’écriture et à la lecture dès les premières années d’école.
- 6-12 ans : les plans de travail
Dans la classe primaire, l’exploration des matières académiques, notamment maths et français, se déroule principalement le matin avec le support du plan de travail individualisé. L’éducateur·trice élabore ce plan de travail hebdomadaire avec l’enfant, à charge pour lui de le réaliser durant sa semaine d’école, de manière personnelle et individuelle, avec le soutien de l’adulte.
Les classes primaires offrent une grande quantité de matériel didactique, la plupart issus de la pédagogie Montessori. L’éducateur·trice présente le fonctionnement de chaque matériel à l’élève, jusqu’à ce qu’il puisse l’utiliser en autonomie. Des fichiers soigneusement sélectionnés par l’équipe pédagogique complètent l’offre de supports de travail. Les élèves peuvent en outre satisfaire des élans personnels qui donnent sens aux apprentissages fondamentaux comme écrire un courrier, fabriquer un journal, préparer un exposé, travailler sur un projet, faire un jeu pédagogique à plusieurs, suivre une recette de cuisine ou un tutoriel, etc…
L’éducateur·trice veille à l’équilibre des apprentissages et relève les acquisitions de compétences grâce à des grilles évaluatives. Des fiches d’évaluation sont à disposition des élèves pour valider une à une ces compétences (nous utilisons entre autre le système Freinet PIDAPI).
Horaire |
Lundi |
Mardi |
Jeudi |
Vendredi |
9h – 12h30 |
Selon plan de travail : Français Maths Sciences Histoire-géo |
Selon plan de travail : Français Maths Sciences Histoire-géo |
Selon plan de travail : Français Maths Sciences Histoire-géo |
Selon plan de travail : Français Maths Sciences Histoire-géo |
14h – 16h30 |
Selon Ateliers : Langues Vie artistique Vie relationnelle Education Civique Education Physique Découverte du monde Projets |
Selon Ateliers : Langues Vie artistique Vie relationnelle Education Civique Education Physique Découverte du monde Projets |
Selon Ateliers : Langues Vie artistique Vie relationnelle Education Civique Education Physique Découverte du monde Projets |
Selon Ateliers : Langues Vie artistique Vie relationnelle Education Civique Education Physique Découverte du monde Projets |
- 12 ans et plus : les cours par matière
Le matin, c’est le moment des cours de matière pour les Colyviens (collège-lycée). Ceux- ci sont organisés avec des membres de l’équipe pédagogique et des intervenants extérieurs.
L’emploi du temps se décline ainsi, avec des sous-groupes selon les niveaux et les options choisies :
Horaire |
Lundi |
Mardi |
Jeudi |
Vendredi |
9h – 12h30 |
Français |
Langues vivantes |
Histoire Géographie Sciences |
Mathématiques |
14h – 16h30 |
Selon Ateliers : Langues Vie artistique Vie relationnelle Education Civique Education Physique Découverte du monde Projets |
Selon Ateliers : Langues Vie artistique Vie relationnelle Education Civique Education Physique Découverte du monde Projets |
Selon Ateliers : Langues Vie artistique Vie relationnelle Education Civique Education Physique Découverte du monde Projets |
Selon Ateliers : Langues Vie artistique Vie relationnelle Education Civique Education Physique Découverte du monde Projets |
Les après-midi
Une grande variété d’ateliers
- Les ateliers pour compléter les apprentissages fondamentaux
Les Ateliers de l’après-midi permettent notamment d’apporter des connaissances et des pratiques complémentaires pour valider le Socle Commun. En effet, si, lors du travail du matin, une approche transdisciplinaire permet déjà d’aborder ces compétences fondamentales (par exemple en littérature – cours de français – l’on s’attache chaque année à aborder des ouvrages de diverses périodes de l’Histoire, ainsi le français et l’histoire sont intrinsèquement liés, compris et intégrés dans un continuum signifiant pour l’enfant), elles sont reprises, développées, enrichies lors des ateliers spécifiques de l’après midi dans les domaines suivants :
- histoire et géographie
- sciences naturelles
- sciences physiques
- informatique
- musique
- activités physiques et sportives
- langues vivantes
- langues grecque & latine
- Les ateliers : pour un partage des connaissances
L’une des vocations de la Ferme des Enfants est de promouvoir la plus grande variété possible de savoirs, savoir-faire et savoir-être, sans se limiter aux matières académiques. Ainsi, l’association fait appel à son réseau pour obtenir des interventions et des partages de la part de personnes différentes qui apprécient de transmettre une compétence qui leur tient à cœur. Les parents d’élèves sont particulièrement impliqués dans cette action, mais aussi les membres de l’équipe pédagogique, les services civiques, les volontaires européens, des spécialistes et/ou professionnels, des membres d’associations voisines.
Les enfants et les adolescents sont eux-mêmes force d’action et de proposition dans le domaine de la transmission ou de la création. Ils peuvent proposer des ateliers aux autres pour partager leurs savoir et connaissance, ils peuvent par exemple donner des mini conférences, produire des objets, organiser des sorties/voyages, élaborer des spectacles ou simplement transmettre aux autres une pratique qu’ils connaissent.
L’offre quotidienne d’ateliers enrichit considérablement les possibilités d’apprentissages des élèves et favorise l’émergence de projets qui ont du sens. L’étude du Socle Commun est largement complété par la voie des ateliers qui comblent des besoins scientifiques mais aussi en histoire, géographie, langues vivantes, éducation physique et sportive, vie artistique… L’équipe pédagogique veille notamment à ce que les élèves puissent acquérir des notions complémentaires au travail formel du matin dans tous les domaines nécessaires.
Exemple d’ateliers récurrents et très fréquentés :
- café-philo (la Tisanerie)
- théâtre
- danse / comédie musicale
- jeux coopératifs
- cuisine/faire le pain
- ouvrir la Guinguette (faire crèpes/gaufres, les cuire, les vendre au goûter)
- soins aux animaux
- coiffure d’art
- dessin/peinture
- expériences scientifiques
- radio/video
- journal de l’école
- visite de sites historiques
- géographie
- apiculture
- jardinage/permaculture
- En début de période : le Marché des Compétences
Chaque début de période (entre deux vacances), un marché des compétences permet à chaque intervenant de présenter son projet d’atelier et de prendre les inscriptions. Il s’agit d’un véritable « marché » où les propositions sont exposées, parfois sous forme de panneaux, d’objets ou de démonstrations, pour informer les élèves des possibilités de la période et les inviter à s’y inscrire. Chaque élève dispose d’un emploi du temps hebdomadaire vierge qu’il lui appartient de remplir à sa guise et en fonction de ses élans ou centres d’intérêt du moment.
- En fin de période : la Scène Ouverte
C’est le point d’orgue de la période. Les élèves qui ont travaillé des scènes de théâtre, des chorégraphies, des présentations, des exposés, des chants, de la musique ou autre peuvent prendre un créneau lors de la scène ouverte pour partager leur travail avec le public rassemblé pour l’occasion. Des expositions, publications ou projections sont proposées à la même occasion afin que tout le travail de la période ou des mois précédents puisse être vu et valorisé. Les élèves apprennent ainsi l’importance de la présentation, de la mise en forme, du partage, de la représentation. Ils s’exposent au public et apprennent à communiquer avec lui en surmontant leurs peurs et appréhensions.
Le principe des ateliers et les temps informels d’apprentissage complètent efficacement les besoins du Socle Commun de Connaissance et de Compétences dans tous les domaines. Les élèves explorent une grande variété de compétences qui rejoignent les items à valider. Ils disposent généralement d’une culture générale étendue, permise par la richesse du cadre et la variété des rencontres et expériences qu’ils y vivent. Ces connaissances s’ancrent par la pratique, la mise en œuvre de projets, l’immersion dans des réalités et situations variées qui favorisent la transmission de savoirs et l’élaboration de l’intelligence cognitive. Les jeunes sont invités à être acteurs de leurs projets et apprentissage, et à prendre la responsabilité de ce qu’ils accomplissent, avec le soutien des adultes.
La vie démocratique
Quel meilleur moyen de préparer l’enfant à la vie en société que de l’immerger dans une organisation démocratique inspirée à la fois de la société telle qu’elle fonctionne et des innovations démocratiques plus récentes (sociocratie, holacratie, processus d’intelligence collective…) ? Apprendre à assumer son existence individuelle parmi les autres en participant à l’organisation de la structure qui nous rassemble permet d’éprouver les interactions et de vivre le potentiel qu’offre l’interdépendance. Il s’agit en outre d’un cours d’éducation civique incomparable, permettant d’éprouver les véritables enjeux de la démocratie et de les comparer à la vie institutionnelle et politique telle qu’elle se déroule dans notre pays.
- Le Conseil d’Ecole, est l’organe de gouvernance de l’ensemble de l’organisation et qui rassemble, au même moment, tous les citoyens (élèves, équipe) qui le souhaitent. Les décisions se prennent au consentement (zéro objection). C’est au cours du Conseil d’Ecole que sont traitées les propositions, les demandes d’achat, la création de clubs ou de rôles et la création ou modification des règles communes.
Les Règles forment l’ensemble de la constitution de l’école : ce que l’on peut faire ou ne pas faire, les accords collectifs, les usages, les modes de vie au sein de la structure, les interdits et les devoirs. Excepté celles qui relèvent de l’institution ou de la responsabilité de l’équipe encadrante, toutes les règles sont décidées en Conseil d’Ecole au fil des tensions qui émergent dans le quotidien. Les règles sont affichées dans la structure et également à disposition de tous sous la forme d’un livret.
- La Facilitation : Les facilitateurs·trices, sont des référents, membres de l’équipe pédagogique. Chaque élève choisit en début d’année son·sa facilitateurs·trice pour l’accompagner tout au long de son année, dans l’échange, l’écoute, la bienveillance, le soutien, l’orientation ou l’appui à la réalisation de projets. Les facilitateurs·trices sont également chargé·es de la rencontre avec les parents des citoyens dont il·elle s’occupe.
Chaque vendredi, un temps de facilitation rassemble tous les citoyens autour d’un dessert et d’une boisson, après le repas de midi. Il s’agit d’un temps de partage des informations (projets, événements, nouvelles règles, etc) et de discussions, parfois pour répondre à des besoins de consultation de la communauté de citoyens.
- La Médiation est disponible au quotidien pour gérer les différends en s’appuyant sur la communication non violente : une boîte aux lettres reçoit toutes les demandes de médiation. Les médiateurs se mobilisent tous les jours, de 11h à 13h environ. Ils convoquent les médiants et traitent le différend en 4 étapes (écoute des faits de part et d’autre, écoute des ressentis de part et d’autre, écoute des besoins et recherche d’une solution gagnant-gagnant ou pose de demandes appropriées). Lorsque la médiation échoue 3 fois d’affilée, un autre processus se met en place : le processus d’accompagnement. Il s’agit d’un protocole en 4 rendez-vous entre l’élève, les médiateurs, le Facilitateur de l’élève en difficulté, et ses parents. Les rendez-vous s’enchaînent avec, entre deux, des objectifs précis. Au terme du processus, des progrès notables doivent être constatés. A défaut, la place de l’élève dans l’école peut-être remise en question.
- Ouverture au monde
Pédagogie de projet
La pédagogie de projet permet à un élève ou un groupe d’élèves d’élaborer une réalisation complexe avec le soutien d’un ou plusieurs adultes.
Depuis l’idée jusqu’à son achèvement, les jeunes sont amenés à concevoir, développer et réaliser un objectif clairement défini. Le plus souvent il s’agit d’organiser un événement, un voyage, une sortie, une rencontre ou encore de réaliser une œuvre, soutenir un projet écologique ou humanitaire, accueillir une personnalité, construire une réalisation…
Les élèves de la Ferme des Enfants ont la possibilité de sortir de l’école facilement, grâce au soutien de leurs parents et accompagnateurs. Ils s’intéressent à des causes et des sujets qui dépassent largement le cadre de la vie scolaire.
Quelques exemples :
- Créer un spectacle et le jouer dans une quinzaine de villages des alentours au cours de représentations itinérantes accompagnés de chevaux de trait et roulottes.
- Accueillir le capitaine Paul Watson de Sea Shepherd, accueillir Yann Arhus Bertrand, Cyril Dion, des indiens d’Amazonie…
- Aller chanter sur scène avec M (Mathieu Chedid) pour défendre la cause des océans
- Aller aider une école Marocaine près de Marrakech
- Aller chanter dans un EPHAD autour de Noël
- Organiser un vide-grenier sur la commune
- Accueillir une classe lointaine et/ou étrangère pour un séjour
Liens sociaux • Représentation sociale
Les élèves de la Ferme des Enfants publient régulièrement un journal diffusé localement ainsi que sur des réseaux sociaux numériques. Ils apprécient de correspondre avec des classes en France et à l’étranger, par des voies numériques et des media multiples mais aussi par courrier postal calligraphié, qui reste une pratique privilégiée dans la culture de l’école.
La Ferme des Enfants est également régulièrement représentée, par les élèves qui le souhaitent, dans des Salons de l’Education, sur des Forums, des Foires, des Evènements. Elle organise elle-même des projections débats, des conférences, des café-philo, des fêtes qui permettent aux élèves de rencontrer le public, et de se confronter à des opinions, questions, pratiques et compétences différentes de celles qu’ils connaissent au sein de l’école.
Stage en milieu professionnel
A partir du collège, certains élèves aspirent à rencontrer des professionnels au travail. Sur le lieu de l’école, ils peuvent déjà côtoyer un certain nombre d’entre eux et participer à des ateliers de découverte. Il devient alors naturel pour eux d’aller à la rencontre de milieux professionnels plus éloignés de l’école pour des séjours de quelques jours à une ou deux semaines. En observant et pratiquant avec le professionnel lorsque c’est possible, ils créent du lien avec la discipline et tissent parfois un petit réseau social qui pourra être déterminant pour la suite de leur parcours. Dans tout les cas, ces expériences permettent d’éprouver concrètement et dans le réel des pratiques qui intéressent ou font rêver. C’est un précieux soutien à l’orientation.
- Evaluations & diplômes
Le relevé de compétences
Il s’agit de documents internes permettant de valider que les compétences sont acquises. L’élève a la possibilité de s’auto-évaluer, item par item, et de consigner ses réussites afin de compléter son parcours du Socle Commun au fur et à mesure de sa scolarité. Les enseignants supervisent ce système afin de s’assurer que chaque élève progresse et développe des compétences adaptées à sa scolarité.
L’accès aux diplômes
La Ferme des Enfants est une école privée hors contrat qui n’est pas autorisée à valider des diplômes officiels. Les jeunes qui le souhaitent peuvent s’inscrire en candidats libres pour passer le Brevet des Collèges ou l’Examen national d’Entrée en Seconde ou même le bac.
En s’inscrivant avec leurs parents dans un cursus parallèle, grâce au concours d’une école privée Américaine (campus en ligne), certains élèves de 17-19 ans peuvent valider un diplôme final et obtiennent ainsi l’équivalent du baccalauréat (High School Diploma).
D’autres élèves choisissent des filières professionnalisantes, et sont accompagnés dans ce sens par notre équipe pédagogique.
En revanche, tous les élèves ont accès à des certifications telles que le B2I (validation par PIX), l’ASSR 1 et 2,…
Les élèves ont également la possibilité de faire autant de stages pratiques qu’ils le souhaitent pour aller à la découverte de métiers qu’ils veulent aborder ou découvrir.
La Ferme des Enfants a toujours été régulièrement contrôlée par les services de l’état (Education Nationale).
Le caractère innovant de notre démarche pédagogique permet de constater des compétences relationnelles, sociales et émotionnelles chez la plupart des enfants et adolescents qui restent un temps significatif dans ce contexte (une ou plusieurs années). Dans le rapport à soi, aux autres et à l’environnement, ces citoyens de la terre montrent de la détermination, du soin (caregiving), de la confiance, une pensée organisée, une facilité relationnelle, une expression libre et ajustée de leurs émotions et la reconnaissance de celles des autres, une propension à trouver des solutions, une certaine témérité pour oser l’expérience, une compassion pour le vivant, de la créativité, des liens affectueux et beaucoup de joie de vivre.
Nos anciens élèves sont généralement à l’aise dans la suite de leurs études, d’autant plus qu’ils ont appris à choisir ce qu’ils font, et à s’y adonner avec enthousiasme lorsqu’il s’agit de leur propre projet. Ils deviennent des êtres capables de se positionner avec discernement et de se mobiliser avec implication. Ainsi, ils sont fréquemment délégués de classe, membres d’associations scolaires ou force de proposition dans les établissements fréquentés par la suite. Ils sont toujours prêts à relever les défis lorsque ceux-ci ont un sens explicite ou répondent à une motivation intrinsèque incontestable.
Nombre d’entre eux sont particulièrement brillants ou remarquables, y compris sur le plan scolaire. Ils ont le goût de la découverte, de l’apprentissage, de la nouveauté. Certains sont de véritables passionnés dans un domaine donné, et approfondissent leur talent avec constance.
Il n’y a pas un « profil-type » de l’ancien élève de notre école. Chacun est différent, et les voies empruntées sont éclectiques. Notre objectif est que chacun·e puisse trouver sa voie d’épanouissement et d’accomplissement, dans le respect, l’empathie et la conscience de notre condition d’humain sur cette planète.
En savoir plus / bibliographie :
Alice MILLER, C’est pour ton bien, Editions Flammarion Champs Essais, 2015
Olivier MAUREL, La violence éducative : un trou noir dans les sciences humaines, L’Instant Présent, 2012
Catherine GUEGUEN, Pour une enfance heureuse, Pocket, 2015
Peter GRAY, Libres pour apprendre, Actes Sud, 2016
André STERN, Jouer, Actes Sud, 2017
Sophie RABHI-BOUQUET, La Ferme des Enfants, Editions Actes Sud, 2011
Sophie RABHI-BOUQUET, Apprendre dans une école démocratique girafe, L’Instant Présent, 2018
Sophie RABHI-BOUQUET, Et si nous redevenions humains ?, Actes Sud, 2023
Maria MONTESSORI, L’Enfant, Editions Desclée de Brouwer, 2018