Accueillir l’enfant dans un environnement préparé
Le petit enfant entre 3 et 6 ans a besoin d’explorer le monde avec toutes ses facultés sensorielles. La préparation d’une ambiance adaptée à ces besoins lui permet de s’épanouir et de se construire.
La classe maternelle se déroule dans une grande yourte de 100 mètres carrés. Des étagères en bois présentent de nombreux matériels pédagogiques : vie artistique, vie pratique, vie sensorielle, découverte du monde, mathématiques, langage… Un chevalet est à disposition pour de la peinture libre. Les clochettes de musique offrent leur son cristallin aux petites oreilles. Un lavabo, de petits lavoirs, permettent la rencontre avec l’eau et ses apprentissages. Des tapis, un coin bibliothèque, un grand tableau en libre-service pour tracer, écrire, dessiner… La classe est organisée pour favoriser l’autonomie de l’enfant. La consigne ? « Quand tu connais un travail, tu peux l’utiliser aussi souvent que tu le désires… ».
L’enfant apprend dès les premiers jours comment se déplacer en marchant dans la classe, comment saisir le matériel dans l’étagère et le ramener une fois le travail achevé, comment dérouler et enrouler un tapis, se laver les mains, aller aux toilettes, s’asseoir à la ligne… La ligne est un repère spatial, au milieu de la classe. Imaginée par Maria Montessori pour favoriser la concentration et la courtoisie (travail à plusieurs enfants), elle est devenue, pour beaucoup d’écoles, le lieu rituel de rassemblement. Deux fois par jour les enfants sont invités à la ligne, dans l’énergie du cercle, pour être ensemble, échanger, chanter, découvrir, s’éveiller sur des notions très variées proposées par l’éducatrice. En dehors de ce moment collectif, le temps de classe privilégie le travail individuel en autonomie. Les éducatrices accompagnent, avec bienveillance et patience. Elles montrent l’utilisation des matériels, observent les progrès de chacun, stimulent, suscitent l’intérêt, guident en douceur vers les acquisitions de compétences dans le respect des rythmes individuels.
La confiance accordée à l’enfant
L’enfant sait ce dont il a besoin pour se construire. A moins d’une lourde pathologie, l’enfant éprouve naturellement de l’intérêt pour le monde qui l’entoure. Il est un explorateur né. Il n’a pas besoin de professeur pour apprendre à marcher et à parler, il a besoin que soient présentes dans son environnement des personnes humaines qui parlent et qui marchent. C’est « l’esprit absorbant de l’enfant » décrit par Maria Montessori. L’enfant utilise ce qui est présent autour de lui pour se construire par appropriation, par imitation, et parce que tout son être est tendu dans une recherche que lui dicte la nature. Chaque enfant possède un guide intérieur qui l’invite à accomplir certaines explorations, certains exercices d’entraînement. Plusieurs pédagogues ont mis en évidence les périodes sensibles d’évolution, ces moments donnés dans la vie de l’enfant où ses compétences sont optimales pour telle ou telle acquisition. L’enfant a besoin d’être abondamment nourri par un environnement riche en possibilités d’expériences, mais aussi d’être compris dans ce qu’il traverse. Les comportements de l’adulte ne doivent pas interférer sur l’accomplissement qui se manifeste grâce à la liberté donnée à l’enfant d’écouter ses besoins et de choisir son travail.
Un environnement élargi
En-dehors des temps de classe proprement dits, l’enfant a la possibilité de jouer à l’extérieur, dans un environnement naturel exceptionnellement beau. La cour de l’école surplombe les gorges d’une rivière. La cour comprend divers espaces de jeux : bacs à sable, cabanes, bosquets, espace pour le feu de camp, poulailler, enclos des cochons, parc des chèvres, potager pédagogique … Certains jours, une promenade accompagnée permet aux enfants une exploration plus vaste encore dans la forêt voisine. Sur le plan humain, les relations sont étendues à des intervenants ponctuels ou réguliers. Le Hameau des Buis est un lieu de vie et de passage. Le conteur, le potier, l’historien, le jongleur, la chanteuse sont invités dans la classe pour partager un moment avec les enfants émerveillés. Certains temps de fête permettent aussi à l’évènement et à la rencontre de prendre place…
En cohérence avec l’école dans son ensemble
Certains projets sont portés par toute l’école, petits et grands… C’est le cas de certaines fêtes de l’école (Noël, Carnaval, fête de fin d’année…) ou d’évènements ponctuels (invitation d’un astrophycisien et nuit sous les étoiles, par exemple). La tradition de la Ferme des Enfants veut que chaque année toute l’école étudie un pays du monde. Cette étude, abordée en tous sens (musiques, coutumes, contes, vidéos, rencontres, spectacles, recettes de cuisine…), tout au long de l’année, permet aux enfants de fédérer une « culture » commune, des connaissances convergentes, et de construire un spectacle à la fin de l’année. La cohérence de l’école porte également sur des règles communes à tous ses usagers. Les enfants de la classe primaire viennent quotidiennement aider les plus jeunes au moment du repas. S’ils ont bien conscience des différences qui existe entre les deux classes, les enfants vivent leur scolarité comme une continuité. Le passage d’une classe à l’autre s’effectue lorsque l’enfant se sent prêt, entre 5 ans 1/2 et 7 ans. Les éducateurs accompagnent ce passage et veillent notamment à ce que l’ambiance de la classe corresponde véritablement aux besoins spécifiques de l’enfant.