Respecter les besoins du petit enfant
La conception conventionnelle de l’éducation implique bien souvent des comportements inadaptés et violents à l’égard des enfants, afin de les rendre conformes à ce que les adultes attendent d’eux : des enfants dociles, obéissants, sages, savants… Ces croyances pédagogiques peuvent avoir des conséquences graves sur le développement de la personne. La pédagogie appliquée à la Ferme des Enfants s’inspire de Maria Montessori et d’Alice Miller et tente de respecter la nature de l’enfant.
La spécificité de La Ferme des Enfants, comme nombre d’écoles différentes, tient à la détermination de l’équipe pédagogique pour répondre au mieux aux besoins spécifiques de l’enfant à un âge donné, définie non pas par des traditions et des croyances, mais par un regard aimant et scientifique sur le futur adulte. L’être humain, comme tout ce qui vit sur la terre, est issu de la Nature. A ce titre, il est déterminé en profondeur par une logique vivante, au service de la vie. Nous croyons, comme Olivier Maurel (cf. « Oui, la nature humaine est bonne », éditions Robert Laffont) que l’enfant est naturellement bienveillant. Maria Montessori a mis en évidence que l’enfant obéit aux lois intérieures que lui dicte la nature pour grandir et s’épanouir. Aucun bébé ne reçoit des cours de langues ni des cours pour apprendre à marcher. Il parle et marche de lui-même de manière extrêmement compétente (puisque, par exemple, un bébé est capable d’apprendre plusieurs langues simultanément). Le petit enfant possède un « esprit absorbant ». Il assimile par absoption son environnement immédiat, par tous les sens que son corps met à sa disposition pour percevoir ce qui l’entoure.
C’est pourquoi, entre 0 et 6 ans, l’enfant traverse une période sensorielle intense : il apprend et se développe avec ses sens. Pour ne pas perturber le travail qui s’accomplit selon un cheminement connu de lui seul, l’enfant bénéficie, dans nos classes, d’une grande confiance. L’accompagnement de l’adulte doit rester discret pour ne pas interférer sur l’ordre naturel qui se manifeste… L’adulte montre, donne les modes d’emploi des matériels, les règles de vie de la classe qui servent un intérêt individuel et collectif, guide l’enfant vers de nouveaux apprentissages, de nouvelles explorations. Mais il n’impose pas et ne s’érige pas en maître-à-penser. Il partage son expérience mais reste ouvert et stimulant pour que l’enfant puisse expérimenter par lui-même et dépasser les limites connues que l’éducateur lui a montré. Ainsi, plusieurs des matériels Montessori ont été inventés par les enfants eux-mêmes !
La bienveillance relationnelle
A La Ferme des Enfants, les enfants ne sont ni grondés ni punis. Ceux qui s’expriment par des actes préjudiciables pour l’école ou pour autrui sont accompagnés avec rigueur et empathie. Les comportements récurrents sont signalés aux parents et peuvent faire l’objet d’un travail familial si nécessaire. Les enfants sont écoutés avec attention. Leur confort émotionnel et l’absence de peur de l’adulte font partie des objectifs prioritaires indispensables à l’épanouissement de l’enfant. Les accompagnateurs ont suivi des formations spécifiques pour améliorer leur communication (communication non violente, ateliers Faber et Mazlish, Thomas Gordon, etc).
Grandir dans le plaisir
La classe 3-6 ans de la Ferme des Enfants n’est pas pour autant un lieu idéal. Les enfants y rencontrent des problèmes, comme dans tout groupe humain : des frustrations, des disputes, des difficultés à se concentrer… Les éducateurs abordent ces problématiques avec patience et stratégie afin de ne pas brusquer les enfants. Au plus les activités proposées répondent à de réels besoins exprimés par l’enfant, au plus l’accès à l’apprentissage est facilité. Dans les classes Montessori, les apprentissages fondamentaux sont abordés de manière précoce car ils correspondent à un intérêt réel pour la plupart des enfants de cet âge. Ainsi, par exemple, l’écriture, la lecture, la numération et les quatre opérations sont abordées à partir de 3 ans, à un âge où le cerveau de l’enfant est ouvert et disponible pour cela grâce au matériel concret. La relation privilégiée cultivée avec l’adulte offre à l’enfant une grande disponibilité pour ces apprentissages. L’adulte recherche la manière de proposer l’exploration des notions dans le jeu et le plaisir. La notion d’erreur est valorisée (une erreur permet une prise de conscience, c’est un évènement didactique et non pas un incident négatif). Les erreurs sont révélées par un autocontrôle : l’enfant peut constater lui-même le résultat de son travail. L’accomplissement de l’enfant n’est jamais déprécié par des remarques négatives, mais il n’est pas non plus jugé par des appréciations survalorisantes qui pourraient dénaturer la relation de l’enfant avec son travail (faire non plus pour soi mais pour être reconnu et obtenir des compliments). Il n’empêche que l’enfant a vraiment besoin de se sentir reconnu pour grandir favorablement. Cette reconnaissance passe, au quotidien, par la qualité d’attention et de relation porté à l’enfant.