Des apprentissages auto-dirigés
Les apprentissage ne sont pas imposés. Ce qui s’impose, c’est un contrat entre l’école, la société et l’apprenant : celui de devoir explorer le socle commun par des moyens divers, créatifs et enthousiasmants. Les jeunes citoyens disposent de multiples possibilités, comme chacun de nous dans notre vie d’adulte. Ils peuvent choisir ce qu’ils apprennent, quand ils apprennent, par quel moyen et avec qui… Ils disposent également d’un créneau d’apprentissage privilégié, le plus souvent le matin, pour accomplir un plan de travail concerté avec l’adulte ou encore, pour les plus âgés, pour participer à des cours de son niveau. En outre, nous n’opposons plus les jeux avec l’apprentissage car nous sommes conscients que le jeu nourrit l’apprentissage. De nombreuses études démontrent que le jeu est le moyen naturel le plus approprié pour apprendre, comme nous le montrent les animaux. Par le jeu, la joie, l’enthousiasme, les jeunes êtres humains apprennent sans notion d’effort ou de contrainte. Les compétences sont acquises le plus souvent de manière inconsciente, et sont d’autant plus solides qu’elles ont du sens à un moment donné de la vie de la personne. Par exemple, Les jeunes enfants passent beaucoup de temps à la médiathèque pour y regarder des livres. Ils commencent par observer les images. Ils écoutent des temps de lectures organisés ou informels, en demandant à des plus âgés de lire pour eux. Ils voient les plus grands jouer aux cartes, aux jeux de société, lire des consignes… Ils les voient s’écrire des messages. Ils deviennent si curieux à propos du langage écrit que, petit à petit, la lecture s’installe dans leur panel de compétence. Ils repèrent des lettres, des sons, des mots entiers jusqu’à la lecture complète sans professeur ni manuel de lecture… Cette démarche est vraie pour la majorité des apprentissages. Cependant, des temps d’apprentissages dirigés ou des créneaux de cours sont aussi prévus, des temps supplémentaires sont également possible à la demande.
Le programme imposé nuit à l’apprentissage
Célestin Freinet le disait déjà il y a presque un siècle : programmer l’apprentissage interfère sur le développement naturel de l’enfant. L’apprentissage programmé corrompt une source inépuisable de joie et de bien-être. La plupart des enfants n’aiment pas l’école, se réjouissent quand les vacances arrivent et trouvent que l’apprentissage qui leur est imposé est une corvée. Ils apprennent à renoncer à leurs élans de vie pour se conformer et se résigner à ingurgiter du mieux qu’ils peuvent une série de contenus étrangère à leur motivation personnelle. Ainsi, à la Ferme des Enfants, nous n’obéissons plus au programme mais faisons confiance aux forces de construction qui sont naturellement à l’œuvre pour chaque enfant. Au final, nous constatons que les enfants deviennent compétents et adaptés aux nécessités de leur réalité. Tout ce que les enfants accomplissent dans leur vie scolaire est consigné dans un document personnalisé qui remplit peu à peu les objectifs du Socle Commun de Compétences définit par l’Education Nationale. Cependant, il est possible que certains citoyens apprennent beaucoup plus tôt ou beaucoup plus tard que la moyenne certaines compétences attendues. Il est également observé que les sujets abstraits, détachés des besoins quotidiens, ne sont pas ou peu abordés. Mais cela ne constitue pas un obstacle aux aspirations du citoyen dont le cerveau cognitif est opérationnel, prêt à intégrer n’importe quelle notion quand celle-ci est nécessaire.
Offre et demande
Tous les citoyens de la Ferme des Enfants peuvent proposer leurs compétences ou demander à être accompagnés dans un apprentissage de leur choix. Un tableau d’offre et de demande est à disposition de tous pour noter des intentions ou des propositions : « je veux apprendre à plonger », « je souhaite faire de la forge », « je voudrais visiter une grotte », « je propose d’écrire un roman à plusieurs mains »… Les citoyens qui ont envie de répondre à une proposition inscrivent leurs prénoms sous l’offre. Et les proposeurs se rendent disponibles pour une rencontre organisée. Ainsi, à tout âge, chacun peut devenir tout à tour apprenant et enseignant. Les parents d’élèves, les bénévoles de l’association et les habitants du Hameau des Buis font partie des proposeurs en fonction de leurs compétences ou de leur
s motivations. En cas de demande très spécifique, l’équipe pédagogique se charge de trouver des intervenants susceptibles d’apporter leurs connaissances aux demandeurs.
Un vivier d’initiatives
La Ferme des Enfants est le théâtre d’une multitude de projets : créer une chorégraphie, construire des cabanes, organiser un voyage, créer un jeu de société, faire un film, fabriquer des bijoux, monter une pièce de théâtre, éditer un journal, organiser une sortie, bricoler, inventer etc. Les citoyens trouvent les moyens humains et matériels pour réaliser leurs projets. Certains se déroulent de manière hebdomadaire tels que la tenue de la Guinguette (vente de crêpes, gaufres, boissons), le soin aux animaux de la ferme, les ventes au marché de l’écovillage, la vie des clubs, l’orchestre de musique folk, le laboratoire de cosmétiques, la participation à la boulangerie, etc.
Scène ouverte
Une fois par période (toutes les 6 semaines environ), une scène ouverte permet aux citoyens et à l’entourage immédiat (parents, habitants) de proposer une performance de 7 minutes maximum. Danse, théâtre, mini-conférence, clown, présentation, concert… Tout type de spectacle est bienvenu ! Cet événement est l’occasion de réunir la communauté et de se réjouir ensemble au travers d’un moment festif inédit.
Projets scolaires
Certains citoyens choisissent de suivre un cursus très scolaire, en apprenant les matières habituelles : maths, français, anglais, histoire-géo, etc. Pour ces citoyens, un emploi du temps est à disposition, leur permettant de suivre les cours de leur niveau. Au cycle primaire, un lieu dédié aux apprentissages académiques est ouvert tous les matins, animé par une éducatrice dévolue à ces matières. Ainsi, il est possible, à la Ferme des Enfants, de poursuivre un cursus principalement « scolaire ». Cependant, force est de constater que seuls peu de citoyens entreprennent de suivre fidèlement un tel emploi du temps. La liberté de choix et l’écoute de soi mène le plus souvent à des activités sociales, créatives, corporelles, à des projets ou à des jeux ou discussions entre amis.
Examen d’entrée en seconde
Les citoyens qui le souhaitent peuvent préparer l’examen d’entrée en seconde pour rejoindre les filières conventionnelles. Des professeurs sont à disposition des volontaires qui orientent les apprenants et leur font passer des examens blancs. La réussite de cet examen permet d’accéder à différents types de lycées ou centres de formation. Il porte sur 5 matières : français, maths, langue vivante, histoire-géo et sciences.
Mais que deviennent-ils ensuite ?
Les anciens élèves de la Ferme des Enfants ont poursuivi, pour la plupart d’entre eux, des études secondaires et supérieures. Certains ont atteint le niveau post-bac dans différents domaines. Un intérêt dominant semble émerger parmi eux pour les questions sociales, écologiques et artistiques. D’autres citoyens ont quitté plus ou moins précocement le domaine scolaire pour inventer une vie sur mesure qui convient au mieux à leurs aspirations. La plupart d’entre eux s’intéressent au monde, voyagent, et font des expériences variées qui continuent d’enrichir leur développement personnel.