Les orientations pédagogiques
Depuis 1999, en se basant sur l’expérience vécue, sur les sciences humaines et sur les pédagogies actives reconnues (Montessori, Freinet, Decroly…), la Ferme des Enfants a développé une pratique innovante destinée à répondre le plus fidèlement possible aux besoins de l’enfant et de l’adolescent, au sein d’un environnement vivant et stimulant. Comme l’écrivait Maria Montessori : « il s’agit d’immerger l’enfant dans un environnement adapté à ses besoins ». Située dans une oasis en activité, dans la nature, parmi les animaux et les jardins en bordure de forêt, notre école propose un cadre enthousiasmant où mille et une découvertes sont possibles. Il s’agit en outre d’un lieu de rencontres et de convivialité exceptionnel.
Bienveillance toujours
La plupart des situations éducatives actuelles se déroulent sous la houlette de la contrainte et du conditionnement. On ne demande pas à l’enfant ce qu’il veut étudier, et sa personnalité influence peu le déroulement des programmes auxquels il doit se plier coûte que coûte. Ainsi l’école est moins au service de la personne qu’au service du système éducatif, et plus largement au service du système économique au sein duquel les citoyens sont attendus pour contribuer. Or, nous le savons, ce système, basé sur la prédation et la violence ordinaire, nous mène dans une impasse collective devenue dangeureusement étroite. Comment ré-inventer l’école pour ré-inventer la société ? L’école est un espace privilégié où nous passons au minimum 13 années de notre existence. Elle a un impact considérable sur nos vies individuelles et collectives, et nous devrions y développer des bases solides pour notre existence telles que : la connaissance de soi, des autres et de la nature, la confiance en soi, la découverte de ses talents et potentiels, les compétences nécessaires à notre autonomie, la coopération avec les autres, la préservation de notre environnement devenue un enjeu majeur de notre avenir commun… En étudiant les sciences sociales et humaines, notamment à travers l’éthologie, nous comprenons que nous sommes avant tout une espèce dévolue au caregiving (donneur de soin). Les rôles et places de l’humain sur la planète seraient donc le soin et l’empathie pour tout ce qui vit. Par une pédagogie de la bienveillance, permettant le développement de ces compétences naturelles, les enfants et les adolescents qui fréquentent notre école apprennent à reconnaître et préserver leurs potentiels naturels d’apprentissage, d’épanouissement, de créativité, de coopération.
Apprendre, vraiment
Au terme de 17 années de pratique et d’expérimentation des pédagogies actives, notre équipe a conclu en faveur des apprentissages naturels, avec l’éclairage des pionniers en la matière (John Holt, Bernard Collot, Alan Thomas, Harriet Pattison, Peter Gray, André Stern…) et celui des neurosciences. Elle a compris que l’apprentissage organisé tel que l’impose l’école est une vision du développement humain inspiré par le rationalisme et l’organisation industrielle. Nous établissons des programmes, et demandons aux enfants de les assimiler quoi qu’il leur en coûte, en respectant une cadence, des délais, des performances et des objectifs. Mais qu’en est-il vraiment pour les enfants ? Nombre d’entre eux ne comprennent pas l’intérêt d’apprendre des mathématiques qui n’ont aucune application dans leur vie quotidienne, ni celui de savoir comment une phrase est grammaticalement construite ou encore celui d’apprendre une langue qui n’est pas parlée dans leur entourage. D’un point de vue neuroscientifique et éthologique, cette incompréhension est logique. Le cerveau humain est prédisposé pour apprendre ce qui lui est utile dans son environnement de vie, et ce qui suscite son intérêt, et encore davantage son enthousiasme. Les neuroscientifiques sont d’accord pour conclure que la meilleure manière d’apprendre, la plus performante, c’est l’engagement actif et volontaire de la personne. Or, cet engagement peut être éveillé, mais non pas imposé. Ainsi, à la Ferme des Enfants, plutôt qu’obliger ou enfermer les apprenants dans des schémas d’apprentissage prédéfinis par l’adulte, nous travaillons à garder vivante la flamme de l’apprentissage sur tous les sujets possibles sans discrimination. L’école constitue alors un vaste laboratoire de rencontres, d’expériences et d’expérimentation, un creuset d’inspirations venues de toutes parts, un éventail des possibles aussi large que la vie elle-même, afin que chacun·e trouve son chemin individuel parmi les autres.
Apprendre, logiquement
De tous temps, et sur tous les continents, l’humain apprend de son environnement de vie. Un petit africain immigré chez les Inuits apprendra de ceux-ci parfaitement : leurs langues, leurs coutumes, leurs pratiques, leur culture, leur conditions de vie… Et l’inverse est tout aussi vrai pour un Inuit en Afrique ! Si deux parents ne parlent pas la même langue maternelle, et si la gardienne de l’enfant parle une troisième langue, alors l’enfant apprend 3 langues simultanément… Le petit humain est prédisposé pour un apprentissage naturel et continu, et c’est ce qui devrait être respecté. L’histoire en a décidé autrement, en faisant de l’apprentissage un système organisé qui s’impose à l’enfant et malmène sa merveilleuse soif d’apprendre… Le plupart des enfants n’apprécient pas ce qu’ils vivent à l’école où ils se sentent enfermés, privés de liberté, ennuyés, stressés et ils finissent par renoncer à une partie d’eux-mêmes en fuyant, se rebellant ou en s’adaptant (mais à quel prix ?). Pour la plupart des élèves, les vacances constituent une libération.
Apprendre est naturel, c’est ne plus vivre de discrimination entre période scolaire et période de vacances car les deux présentent avec une intensité comparable un intérêt pour la vie et l’activité. Lorsque l’environnement scolaire est vivant, que l’on peut s’y déplacer, y écouter ses besoins, relationner en confiance avec des personnes de tous les âges, trouver matière à répondre à ses propres projets, adapter le déroulement de sa journée, choisir ses relations, développer ses passions et centres d’intérêts, être surpris par de la nouveauté, de l’inattendu, du vivant, alors la vie scolaire devient un espace d’épanouissement et de réussite personnelle.
Du formel, de l’informel
Afin de satisfaire à l’ensemble des projets tout en répondant au projet national « d’accéder à l’instruction », l’école s’organise en deux temps : le matin est dédié à des activités plus formelles (plans de travail hebdomadaire pour les 6-12 ans et cours par thématiques pour les plus âgés) tandis que les après-midi sont dédiés aux ateliers. Les élèves sont des acteurs déterminants de leur parcours scolaire : ils sont écoutés dans leurs projets du moment et sont en mesure d’orienter par eux-mêmes leurs plans de travail ou leurs cours, à la demande. La recherche personnelle ainsi que l’expérimentation directe sont favorisés. Une large place est laissée à l’initiative, à la création, à l’autonomie et au développement de projets, soutenus par des espaces aménagés de manière ergonomique et outillée.